Le Baromètre 2016 de la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et familiale dévoilé le vendredi 11 juin 2016 et l’étude marque employeur 2016 de Randstad publiée en mars 2016 convergent : les salariés français veulent plus de souplesse dans l’organisation de leur travail. Face à l’impression dominante de manquer de temps, le besoin exprimé dans ces enquêtes n’est pas moins de temps de travail mais plus de liberté pour organiser ses horaires de travail.
Les salariés français manquent de temps
Le Baromètre 2016 de la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et familiale de l’Observatoire de l’équilibre des temps (OPE) en partenariat avec l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) fait ressortir une nouvelle fois l’importance de l’équilibre des temps de vie pour les salariés français. Ils sont 93% en 2016 à trouver que l’équilibre des temps de vie (temps professionnel, familial, associatif…) est un sujet de préoccupation « important » et même « très important » pour la majorité d’entre-eux (55%). La question du rapport au temps est toujours au cœur des préoccupations des salariés. Ils sont 68% à affirmer manquer de temps, sujet qui touche plus particulièrement les parents d’enfants de moins de 3 ans, d’enfants de 3 à 5 ans et les aidants familiaux (79%, 82% et 77% respectivement).
Il faut toutefois souligner que les salariés français sont plutôt globalement satisfaits de leur équilibre des temps de vie (63%). Quand ils le sont c’est essentiellement parce qu’ils s’adaptent et réussissent à tout concilier (27%) ou parce qu’ils ont un contrat/métier leur permettant d’avoir du temps libre. Ils ne sont que 8% à affirmer que leur entreprise ou supérieur hiérarchique leur laisse une certaine souplesse.
Cependant, 30% des salariés restent insatisfaits de leur équilibre des temps de vie. Les principales cause d’insatisfaction exprimées sont les contraintes dans le travail (charge de travail trop importante, flexibilité subie…) pour 39% d’entres-eux et les contraintes en général (famille et enfants, tâches ménagères etc…) pour 36% d’entres-eux.
Plus de souplesse horaire pour maîtriser leur temps
Afin d’améliorer leur équilibre des temps, les salariés ne demandent pas de travailler moins mais de bénéficier d’une certaine latitude dans leur organisation de travail. Ainsi, le Baromètre 2016 de l’OPE fait ressortir une attente claire des salariés en matière de souplesse et d’aménagement de leurs horaires de travail. Comme en 2015, les deux mesures attendues en priorité par les salariés sont la souplesse des modalités et horaires de travail pour 43% d’entres-eux et la possibilité d’aménager les horaires de travail en fonction des contraintes parentales (39%). Il est intéressant de noter que la flexibilité dans les horaires est plus importante (+7 points) que les horaires raisonnables (36%).
C’est d’ailleurs ce que révèle une autre étude récente de Randstad de mars 2016. Dans la pratique 38% des salariés français affirment travailler plus de 39 heures par semaine et 60% en sont satisfaits. En revanche, ils sont 63% à vouloir plus de flexibilité dans leurs horaires.
Les études universitaires sur le sujet abondent dans ce sens : la gestion autonome du temps de travail impacte le bien-être positivement selon Mickael Mangot auteur de l’ouvrage « Heureux comme Crésus » (Eyrolles, 2014). Il y fait référence notamment à une étude de l’Université d’Emory publiée en 2002 dans le Journal of Health and Social Behavior qu’il résume ainsi : « toutes choses étant égales par ailleurs, les travailleurs qui (…) ne se voient pas imposer une heure fixe pour arriver ou pour repartir du bureau sont plus heureux que les autres, conformément à l’idée que la sensation d’autonomie est une des composantes cardinales du bien-être psychologique ».
L’enjeu de la confiance
Pour équilibrer leur temps de vie, les salariés ont donc besoin de plus d’autonomie dans l’organisation de leur travail. Pour nombre d’entreprises françaises les conséquences ne sont pas seulement pratiques – mettre en place des horaires souples pour les salariés et changer la manière de gérer les plannings – mais surtout culturelles. Organiser le lâcher prise à l’échelle des organisations et favoriser le management par la confiance, voilà l’enjeu pour beaucoup d’entreprises françaises qui sont encore dans une culture de présence et de contrôle permanent.
Sources :
Le Baromètre 2016 de la conciliation entre vie professionnelle, vie personnelle et familiale de l’Observatoire de l’équilibre des temps (OPE) en partenariat avec l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF) – volet Salariés
MANGOT M., Heureux comme Crésus, Eyrolles (2014)
KEYSE, C. « The Mental Health Continuum : from languishing to flourishing in Life », Journal of Health and Social Behavior, Emory University, (2002)