Les Slashers, génération « je veux tout !»

Article publié le:22-01-2016

Flashback 20 ans, 30 ans ou plus en arrière: « Qu’est-ce que tu voudrais faire quand tu seras plus grand mon p’tit bonhomme ? Heu moi j’aimerais être pompier ou cuisinier ou magicien.» Aujourd’hui cette réponse ne devrait plus nous faire sourire : le temps de la monoactivité semble révolu. Allons-nous tous devenir des slashers ?

Qu’est-ce qu’un SLASHER ?

Qui sont les slashers ? Ce n’est ni un nouveau groupe de rock anglais, ni les adeptes d’un nouveau réseau social. Le terme désigne ces jeunes, ou moins jeunes, pour qui le travail ne se limite pas à un seul emploi mais deux, trois activités et plus si affinités. Slasher est un anglicisme dérivé de slash, le signe typographique (/) signifiant « et/ou ».

Le choix des slashers : ne pas choisir, avoir la liberté de faire ce qu’ils aiment, sans se limiter à un cadre. Certains le font pour vivre leurs passions comme Elodie qui travaille comme chargée de production, son premier métier qu’elle aime beaucoup, et décoratrice, son rêve de toujours. D’autres le font pour varier les activités tout en exploitant leurs complémentarités comme Francesco. Architecte et ingénieur de formation. Francesco est aujourd’hui architecte / enseignant en architecture et computational design / co-fondateur d’un espace de co-working.

Bien-sûr, les slashers ont souvent une de leurs activités un peu plus « alimentaire » que les autres, mais ils sont surtout mus par l’envie de ne pas s’ennuyer. Ils se construisent une vie professionnelle sur mesure dans laquelle ils conjuguent travail et plaisir. Comme Violette, maman/ consultante en marketing / enseignante / doctorante en marketing qui affirme : « mes choix ont toujours été guidés par deux éléments : ne jamais avoir le sentiment de travailler et garder du temps pour ma fille ». Pour eux dans le CDI classique «à la papa», dans l’entreprise au fonctionnement vertical, point de salut.

Une tendance qui se confirme

Selon une étude réalisée pour le Salon des micro-entreprises qui a eu lieu en octobre 2015, 4.5 millions de personnes soit 16 % des actifs ont deux métiers voire plus. Les moins de 30 ans sont les plus slashers : environ 22% des moins de 30 ans sont pluri-actifs. Le développement de cette tendance qu’on pourrait croire issue de la crise économique est aussi dû à un changement des mentalités vis-à-vis du travail. Ainsi 64 % des slasher affirment être devenus pluri-actifs «par choix».

Génération multitâche

Principalement issus de la génération digitale, ils vivent en mode multitâche en permanence. Puisque nous téléphonons en conduisant, que nous mangeons en surfant sur internet pourquoi ne pas aussi exercer plusieurs métiers à la fois ?

« 3 facteurs au moins expliquent le boom des slashers en France : le régime de l’autoentrepreneur qui a simplifié l’exercice légal d’une activité complémentaire ; les plate-formes de l’économie collaborative qui en étendent l’usage et la technologie qui en facilite la pratique. De plus en plus connectés, les actifs peuvent travailler partout, tout le temps : la frontière entre vie pro et vie perso s’estompe, favorisant la pluri-activité » commente Alain Bosetti, Président du Salon des micro-entreprises.

Pour le sociologue Serge Guérin, ces travailleurs pluriels sont parfaitement en phase avec la « complexité » de l’époque :  » Nous sommes entrés dans l’ère de la modernité évolutive où ni les savoirs, ni les identités, ni les statuts, ni les rôles ne sont définitivement acquis ou obligatoirement figés” écrit-il dans son ouvrage, De l’Etat providence à l’Etat accompagnant.

Les avantages d’être multiactif

La multi-activité présente de nombreux avantages dans un marché du travail difficile. C’est notamment un élément de distinction des talents. Aujourd’hui avoir des compétences diverses et variées est un pré-requis : parler l’anglais  couramment ou maîtriser les outils informatiques sont un minimum, maîtriser le chinois ou savoir coder sans être informaticien sont un plus…

Le psychanalyste Samuel Lepastier souligne aussi : « Lorsque l’on exerce plusieurs métiers, on est forcément moins prisonnier d’un schéma de pensée. Cela permet de nourrir un profil original. Et, bien souvent, les deux activités finissent par se rejoindre de façon imprévue. »

Etre multi-actif c’est aussi ne plus être dépendant d’une seule entreprise. Lorsqu’une activité est en baisse ou cesse, le slasher peut rebondir sur l’autre. Il dispose alors d’une meilleure capacité d’adaptation. Vivre la flexibilité au quotidien lui permet d’être plus souple et ouvert face à de nouvelles opportunités professionnelles.

Un défi RH

Les slashers de plus en plus nombreux sont une nouvelles donnée à prendre en compte par les Directions des Ressource Humaines et les managers. Le slasher est plus indépendant qu’un salarié monoactivité. La question que peuvent se poser légitimement les recruteurs et les managers : le niveau d’engagement d’un multiactif vis-à-vis d’une entreprise est-il plus limité ? Cette interrogation dénote d’un choc des cultures du travail. L’engagement du salarié vis-à-vis de son entreprise n’est plus suscité par les mêmes conditions que par le passé et ne s’exprime plus de la même manière. Désormais, laisser de la liberté, est un moyen d’engager les collaborateurs. C’est toute la façon de penser l’organisation du travail qui est remise en question et nécessite réflexion et adaptation.

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